De nouveau / à nouveau

Cet ortho-truc tout en nuance est de ceux que j’aime tout particulièrement, un ortho-truc qui en apparence « ne sert plus à rien », sauf à savoir un truc que d’autres ne savent pas… sur le bien-écrire. Vous me suivez ? 

Alors, on y va :

Quelle est la différence entre de nouveau et à nouveau ?

Eh oui ! comme d’habitude, si on se pose la question, on trouve facilement la réponse, et il y a bien (mais de moins en moins) une différence entre les deux. Encore faut-il se poser la question !

Définitions :

     De nouveau = encore, une fois de plus.

Six mois après leur séparation, Pierre et Isabelle sont de nouveau en couple.

     À nouveau = une fois de plus (mais d’une façon différente de la fois ou des fois précédentes).

Julie a rencontré quelqu’un et à nouveau en couple.

Ces deux locutions adverbiales ne peuvent donc en théorie pas être mises l’une pour l’autre. Mais, comme souvent, ce qui fut à l’origine une erreur est aujourd’hui entériné par les dictionnaires (donc accepté, ou, du moins, toléré…), car devenu d’usage courant. On a donc désormais la possibilité d’utiliser indifféremment ces deux formules pour dire « une fois de plus ».

Reste que dans l’expression soignée il est recommandé de respecter la différence, d’autant qu’elle est véritablement porteuse de sens (avec la précision « d’une façon différente » dans le cas de à nouveau).

Notez que le but de cet ortho-truc n’est pas de promouvoir le purisme orthographique, mais modestement de mettre en lumière une nuance parmi tant d’autres de notre belle langue, juste pour le plaisir de réfléchir et de savoir, même si cette nuance est en train de disparaître.

Car le constat est souvent le même, malheureusement, les nuances ont tendance à s’estomper. Et, quoi qu’on en dise, c’est, de mon point de vue, un appauvrissement de la langue française. Est-ce grave ? C’est là un autre question à se poser…

Source : Larousse en ligne.

Auteur de cette fiche Sophie Viguier

Amener, emmener, apporter, emporter

Il est bien connu qu’il y a une différence de « sujet » entre amener et apporter, bien que le sens proche de ces mots soit encore souvent source d’erreurs.

On amène une personne (être vivant), on apporte une chose (objet inerte).

Voyons maintenant la différence entre amener et emmener.

     Définitions du dictionnaire :

     Amener

          ♦ Faire venir quelqu’un avec soi.

          ♦ Transporter quelqu’un, quelque chose vers un lieu ; mener, conduire.

     Emmener

          ♦ Mener quelqu’un avec soi d’un lieu dans un autre ; conduire, transporter.

          ♦ Se faire accompagner de quelqu’un pour faire quelque chose, aller faire quelque chose avec quelqu’un.

La différence est subtile mais la voici en d’autres termes :

Amener quelqu’un quelque part signifie l’y conduire et l’y laisser.

Je peux vous amener à la gare (= vous déposer).

Emmener quelqu’un signifie le prendre avec soi pour aller et rester ensemble quelque part.

Je peux vous emmener à la gare (faisons du covoiturage puisque nous prenons le même train).

⇒ Un petit moyen mnémotechnique pour retenir ça ? « Je vous ai amené, allez-y, prenez le train. Je vous ai emmené, prenons le train ensemble. »

Entre apporter et emporter, la nuance n’est pas tout à fait du même ordre, car peu importe que l’on reste ou pas sur le lieu d’arrivée.

     Définitions du dictionnaire :

     Apporter

         ♦ Porter avec soi quelque chose en venant dans un lieu.

         ♦ Porter ou transporter quelque chose jusqu’à un lieu, en particulier pour le remettre à quelqu’un qui s’y trouve.

     Emporter

         ♦ Prendre quelque chose avec soi en quittant un lieu.

         ♦ Prendre quelque chose avec soi en allant quelque part, l’y transporter.

Dans le cas d’apporter, même s’il ne s’agit pas d’un objet à donner à une personne en particulier, on trouve la notion d’en faire bénéficier la ou les personnes qui seront sur place.

Pour la soirée de samedi, apporte de quoi grignoter !

Emporter insiste sur le fait que la personne ne se sépare pas de la chose en question lors de son déplacement.

Même en vacances, il emporte toujours son ordinateur.

Et voilà ! J’espère vous avoir apporté quelque chose avec cet ortho-truc !

Source : Larousse en ligne

Auteur de cette fiche Sophie Viguier

Se souvenir / se rappeler

Observons la différence de construction de ces deux verbes pronominaux de sens très proches.

On se souvient de quelque chose

MAIS

On se rappelle quelque chose (sans le de)

Se rappeler de quelque chose est une construction familièrement utilisée mais fautive, qu’il convient donc d’éviter.

Voici plusieurs exemples pour bien voir la différence :

Je me souviens de ce que tu as dit hier.

Il ne se souvient pas de moi.

Te souviens-tu du jour de son anniversaire ? 

Je me rappelle très bien mon institutrice de cours préparatoire. 

Il ne se rappelle pas le jour de notre rencontre. 

Te rappelles-tu les démarches que nous devons faire aujourd’hui ?

Une exception comme toujours…

Ce de n’est plus en trop mais obligatoire devant un pronom personnel (c’est-à-dire quand on parle d’un humain) :

Je me rappelle de toi (et non je me rappelle toi !)

Elle ne se rappelle pas de moi

Te rappelles-tu de lui ?

Source : Larousse en ligne

Auteur de cette fiche Sophie Viguier

Aller chez ou à Carrefour ?

Vous allez faire vos courses chez Leclerc ou à Leclerc, chez Carrefour ou à Carrefour ?

Petite révision pour bien utiliser à et chez

La règle est simple, mais, comme toujours, il y a des exceptions, ou du moins des cas particuliers… 

1 – Devant un nom de lieu, on utilise à

                        Aller à la plage, à l’école, à la Poste, au bois, à la boulangerie…

                        Aller au ski, aux champignons (sous-entendu à l’endroit où l’on peut faire du ski ou ramasser des champignons).

2 – Devant un nom de personne ou de profession, on utilise chez

                        Aller chez ma sœur, chez ma copine Agnès, chez le boulanger, chez le dentiste, chez le coiffeur… 

3 – Cas particuliers mais ULTRAfréquents : les noms de marques*

                     ♦ Si le nom de l’entreprise est un nom de personne (patronyme ou surnom, du créateur ou pas, encore faut-il le savoir !), la règle s’applique (avec chez) :

                        Aller chez Renault, chez Peugeot, chez Leclerc, chez Dupont et fils, chez Afflelou, chez Bouygues…

                        mais aussi chez McDonald, chez Lacoste, chez Adidas, chez Gifi…    

                      ♦ Si ce n’est pas le nom d’une personne, la règle s’applique également (avec à)…

                        Aller à la Fnac, aux Galeries Lafayette, à Carrefour, à Décathlon, à Monoprix…

                      ♦ … ou ne s’applique pas (souvent par analogie avec des marques concurrentes au nom de leurs fondateurs) !

                        Aller chez BMW, chez Optic2000, chez The Phonehouse, chez SFR (chez ce marchand de voitures, de lunettes, de téléphones)…

Essentiel à retenir, donc :

Ne pas utiliser à pour un nom de personne ou de profession comme dans « aller au docteur », « aller à Leclerc » ou « aller au Macdo ». Pour le reste…, l’usage est plus libre.

Référence : Les Bizarreries de la langue française, Daniel Lacotte, Albin Michel, 2011

*Notez que les marques citées ici ont été choisies au hasard sans aucune vocation publicitaire, ni aucun parrainage.

Auteur de cette fiche Sophie Viguier

Ceci/Cela, Voici/Voilà

On ne dit pas « Ceci dit » !

Ceci et cela sont deux pronoms démonstratifs qui désignent un objet plus ou moins proche de celui qui parle.

Mais, lorsqu’ils se rapportent à des choses dites, leurs sens sont opposés et la différence est la même que pour voici et voilà :

Le i annonce quelque chose qui n’a pas encore été évoqué ; il introduit ce qui va suivre.

Exemples :

⇒ Écoute ceci : Tu ne dois jamais mettre une virgule entre un sujet et son verbe !

⇒ Voici ce que nous allons faire : tu mets tes idées par écrit, et je t’aide pour la mise en forme.

X  Souviens-toi de cela : je serai toujours là pour t’aider.

X  Voilà ce que je te propose : d’abord tu liras le livre, et ensuite tu pourras aller voir le film au cinéma.

Le a indique que l’on vient de parler de quelque chose ; il introduit une conclusion.

Exemples :

⇒ J’ai des journées très chargées. Cela étant dit, je trouve toujours le temps de lire un peu avant de me coucher.

⇒ Voilà ce que j’avais à dire.

X  Ceci dit, je préfère aller au cinéma qu’au théâtre.

X  Voici ce que je lui ai proposé. Qu’en penses-tu ?

Source : Larousse en ligne

Auteur de cette fiche Sophie Viguier

Encore une histoire de virgule…

Oui ! N’en déplaise à madame George Sand*, il existe des règles pour virguler** la langue française !

En voici une nouvelle qui ne sera pas inutile à vos récits.

On ne doit pas mettre de virgule

après un complément circonstanciel de temps ou de lieu placé en tête de phrase

s’il est suivi d’une inversion verbe-sujet.

Avec des exemples, c’est plus clair :

X  Ici, reposent nos ancêtres.

⇒  Ici reposent nos ancêtres.

⇒  Ici, nos ancêtres reposent.

X  À minuit, sonna le gong du temple bouddhique.

⇒  À minuit sonna le gong du temple bouddhique.

⇒  À minuit, le gong du temple bouddhique sonna.

X  En 1945, prit fin la Seconde Guerre mondiale.

⇒  En 1945 prit fin la Seconde Guerre mondiale.

⇒  En 1945, la Seconde Guerre mondiale prit fin.

*George Sand (1804-1876) est connue pour avoir résisté aux tentatives de correction de sa ponctuation par les imprimeurs. Elle a notamment écrit : « Je nie qu’elle (la ponctuation) relève immédiatement des règles grammaticales, je prétends qu’elle doit être plus élastique et n’avoir point de règle absolue. » (Lettre de George Sand à Charles Edmond, 1871, Nohant). À lire pour plus d’informations, l’article La Ponctuation au xixe siècle, d’Annette Lorenceau, ici.

**Le verbe « virguler » est un terme de typographie absent du Petit Larousse illustré mais présent dans le Larousse en ligne.

Auteur de cette fiche Sophie Viguier

Virgule, sujet et verbe

Ne jamais, ô grand jamais, mettre de virgule entre le sujet et le verbe,

ni entre le verbe et son complément d’objet, direct ou indirect.

En revanche, il faut garder la virgule après chaque sujet dans le cas dune énumération,

sauf si le dernier sujet est introduit par  « et ».

Cf. Lexique des règles typographiques en usage à l’imprimerie nationale, Édition Imprimerie nationale

X  Cet auteur, écrit 10 pages par jour.

X  Cet auteur écrit, 10 pages par jour.

⇒  Cet auteur écrit 10 pages par jour.

X  La romancière, téléphone à son éditeur.

X  La romancière téléphone, à son éditeur.

⇒  La romancière téléphone à son éditeur.

X  Léa, Tom, Stéphane sont les correcteurs de mon journal.

⇒  Léa, Tom et Stéphane sont les correcteurs de mon journal.

⇒  Léa, Tom, Stéphane, sont les correcteurs de mon journal.

Auteur de cette fiche Sophie Viguier

Ponctuation et espaces

Doit-on placer une espace avant un point d’interrogation, des points de suspension, une virgule ?

Une règle très simple vous permettra de ne plus jamais vous tromper :

Il faut insérer une espace avant tous les signes de ponctuation de la hauteur d’une lettre (la « ponctuation haute »)*, c’est-à-dire :

  • le point-virgule  ;
  • les deux-points  :
  • le point d’exclamation  !
  • le point d’interrogation  ?

Mais, pas d’espace avant la virgule, les points de suspension… et le point.

Vous pouvez aussi mémoriser, si cela vous paraît plus évident, que l’espace est à insérer seulement devant les ponctuations composées de deux éléments (un point et une virgule, un point et un trait…).

Quant aux parenthèses (…) et crochets […], ils ne prennent pas d’espaces intérieures (comme ceci), contrairement aux guillemets.

Un dernier détail : à la place d’une espace normale (celle existant entre tous les mots de la ligne, dite « justifiante » quand le texte est justifié), utilisez une espace insécable (à introduire à partir de la liste des caractères spéciaux), c’est-à-dire une espace qui empêchera la séparation du mot et de sa ponctuation haute en fin de ligne**.

Cf. Lexique des règles typographiques en usage à l’Imprimerie nationale, Édition Imprimerie nationale

*À noter que cette règle de typographie française ne s’applique pas en anglais, langue dans laquelle aucun signe de ponctuation n’est précédé d’une espace.

**Pour être plus précis encore, l’espace avant les deux-points doit être insécable mais de même largeur que celle entre les mots (c’est l’« espace mot insécable »), alors que l’espace avant ; ! et ? doit être et insécable et réduite en largeur par rapport à l’espace mot (c’est l’« espace fine insécable »).

Auteur de cette fiche Sophie Viguier