Les Pépère, une famille de ver de terre, habitent depuis toujours dans le même jardin. Ils vivent dans une terre en bonne santé.
Lorsque les arrières-grands-parents, les grands-parents, les parents et enfants Pépère sortent de terre, ils restent très prudents. Les oiseaux ne sont jamais bien loin.
Si jamais, Ô grand jamais, un oiseau s’approche de trop près, les Pépère savent quoi faire.
Ils se glissent aussi vite que possible jusqu’à leur terrier.
Oh Hisse, Oh Hisse, Oh Hisse
….
Après avoir dormi tout l’été, les Pépère sont réveillés par un doux chant venant de l’extérieur.
FLIP FLAP FLOP FLIP FLAP FLOP
« Elle est revenue ! » s’exclame le petit Norvert.
La pluie sonne le premier jour de l’automne. Ils se pressent vers la sortie profiter du temps gris !
Excités comme des vers excités, les petits se ruent sur les flaques d’eau SPLASCH. Puis se jettent comme des fous sur les flaques de boue et … SPLASCH !
Certains papotent :
« HUMMM la bonne odeur de terre mouillée ! » dit Nicover le nez plein de terre, tandis que d’autres dansent sous la pluie au rythme des clapotis.
Les verres tintillent DLING DLING DLING, les vers sautillent. Et tout cela, sous les éclats de rire des enfants couverts de boue jusqu’au cou.
La fête bat son plein quand soudain…un bruit… un drôle de bruit…
Tiens, tiens ! mais qu’est-ce que c’est ?
Un oiseau ? Non ! l’oiseau lui fait FUICH FUICH FUICH.
Un serpent ? Non ! le serpent lui fait PSSS PSSS PSSS
Ce bruit ressemble plutôt à celui… d’un ver ! Un ver de terre ? Bizarre Bizarre ! Pourtant, ils n’attendent personne.
La chose caressant le sol se rapproche tout doucement… tout dou… ce…ment…
Et là, face à eux, ils n’en croient pas leurs yeux : une autre famille de vers de terre. Le papa, la maman et le petit derrière, qui suit péniblement.
Les Pépère examinent cette famille de haut en bas, et de bas en haut, à l’endroit à l’envers ! Mais rien à faire, ils se demandent toujours : qui sont ces gens ?
“Ohhhh ! Regardez le petit ! Mais qu’est-ce qu’il a ? Il est déguisé ? ” chuchotent les enfants entre eux.
Foi de bois, foi de vers ! Jamais, ils n’avaient vu une telle affaire : le petit ver n’est pas nu, mais poilu !
Les arrière-grands-pépères apeurés rentrent vite, cacher leur denier ! Les enfants terrifiés s’accrochent à leurs parents désespérément.
“Que faites-vous chez nous ? Qui êtes-vous ? demande un Pépère le regard de travers.
– Nous nous appelons la famille Padebol. Nous fuyons notre terre en mauvaise santé.
– MAMAAAANN ! J’ai peur du monstre !
– Surtout ne t’approche pas de lui mon chéri, il est peut-être contagieux, lui murmure sa maman.
– Allez-vous en ! Vous perturbez la fête ! gronde un grand-père vert de colère.
– Nous sommes fatigués. Nous avons parcouru des mètres et des mètres pour trouver une terre en bonne santé. Pouvons-nous juste nous reposer, ensuite nous partirons.
– Retournez d’où vous venez, maintenant ! On ne veut pas de vous ici ! Vous êtes venus voler notre nourriture, c’est sûr ! s’écrie Gulliver, l’aîné des Pépère.
– Si nous retournons chez nous, nous mourrons : notre terre est recouverte de poison.
– Maman, c’est quoi du poison ?
– Voyez notre petit Alvert. La maman se décale pour laisser apparaître le petit derrière elle. Alvert, tout penaud, regarde par terre. Après avoir avalé une graine bleue posée sur le sol : il est devenu tout poilu.”
Tellement absorbés par leur conversation, ils n’ont ni vu ni entendu l’oiseau se diriger tout droit vers eux.
Grâce à ses poils qui se dressent comme des piquets, Alvert est aussitôt averti du danger.
« Attention ! là-haut ! un oiseau ! » crie Alvert
Ni une ni deux, tous se glissent sous terre, sauf Norvert.
Ses parents l’appellent de toute leur force :
“Norvert ! Norvert !”
Caché par peur du ver poilu, Norvert n’a rien entendu. L’oiseau, lui, l’a vu.
Envers et contre tout, Alvert se précipite pour le sauver. L’oiseau attrape le premier ver venu : maiiiiis, il n’aurait pas dû …
« AÏIIE ! OUIIIILLE ! YOUYOUYOUYE! AÏIIIE ! CA PIIIIIQUE ! » L’oiseau hurlant de douleur, lâche sa proie et déguerpit à toute allure.
En véritable héros, Alvert croule sous les « BRAVOS ! ».
Il est fier Alvert, jamais on ne l’avait acclamé.
Gulliver prend la parole :
“Félicitations mon petit Alvert ! Tu as sauvé un Pépère. Nous vous accueillons toi et ta famille, les bras grands ouverts. Je propose que l’on partage notre terre !”.
Les Pépère n’ont plus peur de cette famille. Ils ne voient d’ailleurs plus de ver poilu, juste un ver qui s’appelle Alvert : le sauveur de Norvert.
Auteur : Nadia S.